Pileni III
Les hommes et femmes du vaisseau avaient été regroupés dans le hangar principal. Ils se tenaient tous en rang, écoutant avec attention les paroles du général sur l’estrade.
-Vous allez connaitre l’enfer les bleus ! Je vous préviens, une fois sur ce caillou désertique de Pileni III je ne suis plus votre nounou. Six mois ! Six mois que je vous ai dans les pattes, à vous former et à vous entraîner. Là-bas c’est la guerre ! Vous avez intérêt à être bon si vous voulez pouvoir survivre. Vous trouverez dans vos cabines vos affectations. Chacun de vous rejoindra une unité déjà sur place. Les plus chanceux, vous vous trouverez à faire la bouche pour les autres. Les moins chanceux vous serez envoyé sans perdre de temps au front. Peut-être que vous en reviendrez, ou peut-être pas.
Le général termina son discours sur la chance qu’ils avaient eu d’être pris dans l’infanterie. Les rangs se rompirent à son commandement, et les hommes et femmes regagnèrent leurs quartiers. Cameron se trouvait parmi eux. Comme tous les autres il avait eu les cheveux rasés à son arrivé au camp. Ils avaient eu le temps de repousser en six mois, mais il avait préféré les garder rasés.
Il se trouvait au sein du flot de soldats lorsqu’une voix l’appela.
-Cameron ! Cameron !
Il s’agissait d’Howard. Ils partageaient la même cabine depuis leur arrivé au camp. Contrairement à Cameron il avait laissé ses cheveux poussé.
-Prêt à découvrir ou on t’envoie ? demanda-t-il en mettant une tape amicale dans le dos de Cameron.
-Autant que toi vieux.
Ils se dirigèrent ensemble vers un ascenseur qui les amena au niveau de leur cabine. Le couloir commençait à se vider au fur et à mesure que les bleus rentraient dans leurs cabines.
Comme l’avait dit le général, une enveloppe avait été déposée sur le lit de chacun d’eux. Cameron s’assit sur sa couchette et l’ouvrit. Il y trouva à l’intérieur deux plaques, pour qu’on puisse le reconnaitre, et son affectation. Il rejoignait l’unité U-1044. Elle faisait partie des unités qui se battaient en première ligne.
-Alors, ou tu vas ? demanda Howard.
-Première ligne, répondis Cameron en soupirant.
Howard descendit de la couchette supérieure.
-T’inquiète pas, moi aussi j’y vais, dit-il en souriant. Après tout, on dit que ce n’est pas si mal.
Ils firent leurs paquetages et sortirent de la cabine. Ils y jetèrent un dernier coup d’œil sur le seuil de la porte.
-Six mois d’horreur qui se termine. Maintenant en route pour l’enfer, dit Howard en fermant la porte.
***
La surface de la planète était désertique. Du sable s’étendait à perte de vue. Le vaisseau s’était posé quelques heures auparavant sur Pileni III. Il s’était posé sur l’une des aires d’atterrissage au sud de la base. Les hommes et les femmes avaient été débarqués en dernier. Chacun partait dans sa direction, là ou leurs affectations les emmenaient. Howard était partie dès qu’il avait mis un pied à terre. Lui et Cameron s’était fait leurs adieux à l’intérieur du vaisseau.
-Bonne chance mon ami, avait dit Cameron en faisant une accolade à Howard.
-Toi aussi. On comparera nos médailles à la fin de cette guerre, avait-il dit.
Cameron était maintenant seul. Il descendit du hangar principal avec les derniers. Le monde qui l’entourait lui était à la fois étranger et familier. Les bruits des caisses qu’on décharge et la voix des autres soldats lui rappelaient des souvenirs du camp d’entrainement.
Il traversa les tentes ou était soigné les blessés. Chaque nouvel arrivant passait par là. Des soldats suppliaient qu’on les achève sur le champ. D’autres ne disaient rien. Ils leurs manquaient la plupart du temps un membre. Cameron passa ensuite par l’armurerie. Des soldats attendaient pour recevoir de nouvelles munitions ou bien échanger leurs armes.
Il sorti la feuille de son affectation. L’unité U-1044 devait se trouver à l’ouest du campement. Il marchait en regardant sa feuille lorsqu’il rentra dans quelqu’un. Il senti des gouttes de café lui tomber sur les mains. L’homme qu’il venait de percuté avait du café plein les bottes. Il leva la tête. Il semblait énervé. Un homme arriva en courant.
-Excusez le Commander. Il vient juste d’arriver. Laissez-moi m’occuper de son cas.
Il entraina Cameron avant que le Commander ne dise quelque chose. L’homme qui l’avait sauvé portait l’uniforme réglementaire de l’infanterie. Il portait son gilet pare-balle, ainsi que ses épaulières. Il ne lui manquait que son casque. Il arborait une coupe simple, rasé sur les coté et cheveux longs sur le haut du crâne, ainsi qu’une barbe de plusieurs jours.
-A quoi pensais-tu le bleu ?! demanda l’homme.
-Je n’ai pas fait attention.
-Et bien va falloir faire attention maintenant. Tu es là pour te battre, tu ne peux pas te permettre de rêvasser ! Cameron ne dis rien. Je suppose que tu es Cameron. Sergent Jefferson. C’est moi qui dirige l’unité U-1044.
-Ravi de vous rencontrer sergent.
Le sergent l’emmena vers l’ouest du campement. Ils rejoignirent une tente parmi tant d’autre. Le sergent y entra, suivit de Cameron.
L’atmosphère à l’intérieur était différente de celle à l’extérieur. Il n’y avait pas un bruit. Il y avait cinq couchettes au fond. Une table circulaire au milieu, entouré de siège. Une mini-cuisine se tenait à gauche. Deux hommes et une femme occupaient la tente. Les deux hommes étaient sur leur couchette. Ils avaient le teint foncé. Le plus grand des deux avait les cheveux rasé, tandis que l’autre arborait une crête sur le haut du crâne. La femme était assise à la table, elle nettoyait un couteau. Ses cheveux couleur de feu descendait jusqu’à ses épaules.
-Très bien. Les gars je vous présente le bleu. Le bleu voici Huit et Neuf, et Lyse.
-Ravi de te rencontrer, dit Huit en venant lui serrer la main. Tu te demandes pourquoi on s’appelle comme ça. C’est notre mère. On est dix dans la famille, alors à partir de son quatrième enfant elle nous a prénommés comme avec des chiffres. Plus simple à retenir.
-Bien venu dans l’unité, dit Neuf.
Lyse se contenta de le saluer de la tête.
-Bon, tu vas me donner tes affaires, dit le sergent. Elles ne te serviront à rien. Je vais t’en trouver de nouvelles. En attendant tu trouveras de l’eau et de quoi manger au fond de la tente.
Il prit les affaires de Cameron et disparut hors de la tente.
-Sacré veinard. Les unités de premières lignes directement pour débuter. J’espère que tu as l’estomac solide, et une bonne étoile. Sans ça tu risques bien de repartir très vite, dis Huit en s’asseyant face à lui. Tu es passé par la section des soins n’est-ce pas ? Tu as vu les blessés. C’était les plus chanceux. Les autres sont envoyés à l’infirmerie des gueules cassé comme on dit. C’est les pires.
-Arrête de l’emmerder avec ça Huit. Il vient juste d’arriver, laisse lui le temps de se poser, dit Neuf.
-Si il n’est pas directement habitué à ce genre de chose il ne va pas faire long feu, dit Lyse en sortant de la tente.
-Ne fais pas attention. Elle a perdu son frère jumeau en arrivant. Ils venaient juste de descendre du vaisseau lorsqu’une troupe xénos attaqua la base. Son frère périt en prenant un jet d’acide sous ses yeux.
Cameron regarda l’entrée de la tente. Il espéra que cela n’arriverai pas aujourd’hui.
Le sergent revint une heure plus tard. Il ramenait avec lui un fusil de classe ML7.
-Tiens. Avec ça tu survivras plus longtemps, si tu sais te débrouiller.
***
Les membres de l’unité U-1044 étaient regroupés dans leur tente. Ils étaient tous assis sur la couchette qui leur était attribué. Le sergent se tenait devant eux. Il avait dans les mains les papiers de leur nouvelle mission.
-Très bien. Le commandement a décidé de nous faire un beau cadeau. Nous partons dans une heure, avec les unités 1035 à 1188, pour la ville de Baashov. Les xénos ont pris d’assaut la ville la nuit dernière. Le commandement nous laisse jusqu’à demain matin pour la reprendre, ou elle la fera sauter. Que nous y soyons ou non. Prenez vos affaires.
Le sergent plia l’enveloppe et la rangea dans une poche de son pantalon. Il se dirigea vers sa couchette. Il sorti un sac et se prépara.
Cameron sorti les affaires que le sergent lui avait apporté. Le sac contenait un gilet de protection de type GP-3, des épaulières et un casque qu’il enfila par-dessus sa tenue réglementaire. Il accrocha les grenades à sa ceinture ainsi que le couteau. Il prit des munitions pour son fusil, qu’il attacha à sa cuisse.
Les autres membres du groupe portaient la même tenue. Huit et Neuf étaient équipés de lance-flamme. Lyse avait un fusil classe AS, ainsi qu’une charge de démolition. Le Sergent avait comme Cameron un fusil ML7. Il s’approcha de lui.
-Prend ton couteau, ça pourra te sauver la mise.
Cameron fouilla dans son sac. Il trouva un couteau dans son étui au fond, sous les rations de nourritures. Il s’en empara et l’attacha à sa ceinture.
-En avant soldats !
Ils sortirent les uns derrières les autres, le sergent en tête de file.
***
L’unité U-1044 était dans l’un des aéronefs avec deux autres unités. L’aéronef avait quitté le campement et survolé la distance le séparant de Baashov en moins d’une heure. Cameron pouvait voir à travers le hublot de l’aéronef le champ de bataille qui entourait la ville. Les plaines étaient couvertes de cadavres humains et de cadavres d’archnarynnides. Des corps massifs de xénos se détachaient de ce spectacle, tout comme les épaves des cuirassées.
L’aéronef survola la partie ouest du champ de bataille. Elle suivait une colonne de soldats qui se dirigeait vers l’ouest. Un avant-poste sommaire avait été construit au détour d’un amas de roches qui formaient une colline.
L’aéronef se posa au bord du camp. Les membres des trois unités descendirent rapidement. Une équipe de médecins attendait pour prendre leur place. En passant à côté d’eux Cameron aperçut les corps de trois soldats. Ils étaient dans des caissons de survies. Des masques sur leurs visages leur permettaient de respirer. En permanence leurs données vitales étaient affichées sur la paroi du caisson.
-Le bleu, cria le sergent Jeff.
Cameron rejoins son unité en courant.
***
L’unité de Cameron ainsi que les unités U-1033 et U-1020 avaient emprunté les égouts. Les portes de la ville étaient inatteignables. Elles étaient gardées par des créatures de la taille d’un char.
Les membres de l’unité avançaient en file. Lyse ouvrait la marche suivit de Huit et Neuf. Le sergent et Cameron était à l’arrière. Les canaux des égouts étaient de formes circulaires et atteignaient les deux mètres de hauteurs.
Même si la ville n’était plus active depuis l’arrivée des archnarynnides, l’odeur de cadavre en décomposition se faisait sentir.
-Quel odeur, dit Huit.
Le sergent lui fit signe de se taire. Leurs paroles résonnaient dans tout le circuit des égouts. Les xénos pourraient être alertés par le bruit.
Ils continuèrent d’avancer. Le capteur de Lyse indiqua qu’ils venaient de dépasser les murs de la ville.
Elle fit signe à l’unité de continuer tout droit, puis de tourner à la prochaine intersection à droite.
Ils avancèrent, les uns à la suite des autres. Un bruit furtif résonna dans les égouts.
Toute l’unité s’arrêta, aux aguets. Le sergent fit signe aux frères de se tenir prêt. Ils activèrent leurs lance-flammes. Une ombre se dessina sur la paroi face à eux. Elle appartenait au xénos qui surgi de le canal. Les deux frères appuyèrent en même temps sur leur gâchette. Deux jets de feu s’abattirent sur la créature. Elle poussa un cri de douleur et recula sur le côté. Huit et Neuf arrêtèrent. Lyse partis à la poursuite de la créature avant qu’elle n’ameute les autres. Le sergent indiqua à Cameron de le suivre.
Ils trouvèrent la créature en train de se battre avec Lyse. Ils appuyèrent sur la gâchette de leur fusil. Une slave de balles s’abattirent sur le xénos qui s’écroula, inerte.
-Dépêchez-vous ! cria le sergent.
Huit et Neuf les rejoignirent en courant. Le xénos gisait à leurs pieds.
-Trouvé ses glandes, ordonna le sergent.
Ils sortirent tous leurs couteaux et commencèrent à découper la carcasse du xénos. Cameron regarda ses compagnons faire. Etonné.
-Voilà, dit Neuf.
Il sorti sa main du cadavre du xénos. Il tenait une sorte de ballon rond, enduit de sang. Le sergent pris la glande et l’ouvra. Un liquide en sorti. Il le prit dans ses mains et commença à l’étaler sur son armure et son corps.
-Fais comme nous le bleu. Ce liquide empêche les archnarynnides de nous différencier des leurs.
Cameron obéit et étala le liquide sur lui.
-Il y a une sortie à vingt mètres, dit Lyse.
L’unité avança jusqu’à une échelle. Elle donnait sur la surface. Les membres de l’unité grimpèrent un à un, et sortir au milieu d’une rue.
Ils allèrent se cacher derrière un muret.
-Les portes sont à trois cent mètre, fit Lyse.
L’unité avança collé contre les murs des magasins. Ils avaient les portes de la ville en visuel lorsqu’une créature archnarynnide passa devant eux. Elle s’arrêta. Elle humecta l’air devant elle. Elle ne sentait pas l’odeur des humains. Elle se détourna et repartie.
Ils attendirent qu’elle soit disparut pour se remettre en marche. Ils atteignirent les portes de la ville. Elles étaient à moins de cent mètres.
Le sergent fit signe à Lyse d’aller poser les charges de démolitions contre les portes. Huit et Neuf partirent avec elle pour la couvrir. Cameron et le sergent restèrent en retrait en haut d’un bâtiment. Ils observaient l’ensemble de la place. Le sergent pouvait indiquer à ses hommes lorsqu’un xénos s’approchait d’eux.
Les trois soldats atteignirent les portes.
-Ils nous faudrait une diversion sergent, dit Lyse dans sa radio.
-Très bien.
Le sergent, allonger sur le toit de l’immeuble, regarda dans le viseur de son fusil. Il montra à Cameron deux xénos à trois heures. Ils les visèrent et les abattirent. Aussi tôt tous les xénos de la place se tournèrent vers les deux cadavres. Ils s’en approchèrent tous. Ils commencèrent à pousser des cris et à humer l’air pour repérer des humains.
Profitant de la diversion Lyse posa les charges au centre des portes et ils s’éloignèrent. Les charges explosèrent dans une déflagration qui toucha tout ce qui se trouvait dans un rayon de vingt mètre. Lorsque le nuage se dissipa, les portes étaient ouvertes. Le sergent ordonna à ses hommes de revenir. Les xénos revenaient. En même temps des hommes de l’infanterie traversaient les portes ouvertes. Ils étaient suivit par des blindés.
Le flot d’homme et de cuirassé se rependit dans la ville. En quelques heures la quasi-totalité de la ville était repris par les forces de l’infanterie.
***
Le sergent entra dans la tente. Ses hommes étaient en train de plier leur bagage. Il s’approcha de Cameron.
-Voici ta lettre d’affectation. Ils te mutent dans une nouvelle unité.
Cameron la prit et l’observa.
-Ce fut un honneur de combattre avec vous sergent, dit-il en faisant le salue militaire.
-Pour nous aussi le bleu. J’espère que tu resteras en vie.
Il s’écarta. Cameron prit ses affaires et avança jusqu’à l’entrée de la tente. Il jeta un dernier coup d’œil aux soldats avec qui il avait combattu. Ils les saluèrent un à un et sorti de la tente.